Papier peint Musée de Rixheim |
Suite à un contact avec le musée du papier-peint de Rixheim, j'ai lu quelques articles sur l'histoire du papier peint, et je me suis rendu compte que les techniques les plus récentes qui me permettent de proposer aujourd'hui sur le web du papier peint produit sur mesure et à la demande, sont très proches des origines du développement de ce support décoratif. Sur ce blog ou nous parlons principalement de la dernière génération de papier-peint, l'intissé, imprimé sur machines numériques, il m' a semblé intéressant de vous proposer ce petit retour vers... le futur.
Mais d’où ça vient le papier peint ?
Le papier peint a été inventé en Chine ou des artistes peignaient à la main sur des rouleaux de papier. Et si Marco polo évoque le premier le papier peint dans son Livre des merveilles, en vantant la splendeur des intérieurs chinois, les travaux des artistes chinois ont pris très tôt la route de la soie, précieusement conservés par les caravaniers. On en trouve des traces à Bagdad en 793, au Caire en 900, à San Felipe en 1056, à Fès en 1184 et à Fabiano en 1276.
Détail de papier peint chinois de la fin XVIIIe siècle illustrant la fabrication de porcelaines (musée du Louvre) |
En Europe, à la fin du 14è siècle, les premiers bois gravés ont été utilisés pour reproduire des dessins sur des papiers, ensuite coloriés à la main ou au pochoir. À cette époque, le papier décoré est une image pour orner ou préserver, à coller sur l'auvent de la cheminée ou dans un meuble. Mais quand on a les moyens de décorer ses murs, on préfère des matériaux plus précieux et plus solides la tapisserie, le cuir, le bois.
Au 16è siècle, les "dominotiers" fabriquent des images imprimées sur des papiers, peints uniformément, ou dessinés et peints au pochoir, ou avec des motifs gravés sur bois et coloriés à l'usage des moins fortunés.
Des progrès techniques permettent au 17ème siècle une extension de cette production. Les dominos traditionnels sont supplantés par des papiers dont les couleurs sont imprimées à la planche. Les dessins sont conçus "à raccord" (ils peuvent se poursuivre sur un ensemble de feuilles qui, jointes, forment un décor ornemental continu). Les Papillon père et fils perfectionnent aussi les techniques de pose du papier de tenture. Les tentures de papier peint entrent dans les demeures mais restent onéreuses et de mauvaise qualité par rapport aux peintures, étoffes, cuirs ou boiseries.
Planches de bois du XIXe siècle de la manufacture Zuber et impression manuelle du papier selon la technique originelle. © Zuber & Cie |
Reveillon réveille le papier peint
Dans le courant du 18è siècle, les Chinois et les Indiens améliorent les techniques et sacrifient la qualité pour produire à meilleur marché. L'Angleterre exporte la mode d'utiliser des papiers veloutés les tontisses, qui imitent la tapisserie par la fixation d'étoffes hachées.
À cette époque, les papiers décorés venant de l'étranger sont en vogue chez les "grands" et les parvenus pour leurs châteaux et manoirs : châssis de cheminée, écrans, paravents, dessus de porte, fonds d'armoire, murs des garde-robes, entresols, cabinets, passages, salles de bains. Ils ne sont pas utilisés dans les pièces d'apparat ni dans les chambres principales. Les papiers peints profitent du renouveau de cette industrie dont les techniques sont très proches et s'exercent parfois dans les mêmes ateliers. Ils ont aussi les mêmes motifs : fleurs, animaux, arbres, aux couleurs vives. En même temps, on importe d'Angleterre de nouveaux papiers peints aux fonds uniformément coloriés à la brosse, l'impression étant réalisée avec des couleurs épaisses, à la détrempe et non plus à l'huile.
Commanderie-Rixheim |
Au milieu du XVIIIe siècle, en pleine époque des Lumières, le papier peint voit son destin lié à celui de l’imprimerie. Diderot et d’Alembert évoquent dans leur Encyclopédie la technique qui permet sa propagation. Toute une classe moyenne, qui émerge, ne se satisfait plus des murs à la chaux et suit Marie-Antoinette qui a lancé la mode du papier peint. Réveillon sera le premier grand maitre du papier peint, et lui donnera toutes ses lettres de noblesse. en 1790 , on dénombre rien qu’à Paris une quarantaine de fabriques qui génèrent plus de 3500 emplois. La France est alors le lieu de rayonnement du papier peint.
Sous le règne de Napoléon III, l’industrie du papier peint connaît un essor sans égal. Après l’impression à la planche, l’adoption des machines anglaises et la maîtrise de la vapeur en 1860 toutes ces techniques permettent des avancées colossales.
Vers 1880, le renouveau vient d'Angleterre avec les papiers de Crane et Morris, et des artistes comme Eugène Grasset et Hector Guimard qui proposent des dessins modernes affranchis de la figuration des styles du passé, aux teintes pâles. Mais ils ne sont pas pris au sérieux par les fabricants et les utilisateurs.
Papier peint d'un salon Biedermeier, tableau d'Otto Erdmann (1834–1905). |
Papier peint Réveillon dominique gianelli, musée du papier peint, rixheim |
C'est dur, mais ça dure
Le XXe siècle voit l’apogée du papier peint qui s’adapte parfaitement au développement accéléré de l’urbanisation européenne. C’est jusqu’aux années 1980 la décoration murale la plus utilisée au monde. Suivra, pendant une vingtaine d’année, une crise, qui conduira à une restructuration du marché. De nombreux fabricants français et belges disparaitront.
Au milieu des années 2000, le papier peint fait son grand retour. Porté par une nouvelle vague de designers, des nouveaux supports comme l'intissé, et servi par la révolution du numérique, il redevient incontournable, inspirant la mode et le luxe, et e-papier-peint.com
Sources :
Musée du papier peint de Rixheim
La plume de l'alouette
Wikipédia
futura-sciences.com